mercredi 17 décembre 2008

Un livre...une vie


« Une année est passée, peut être deux, peut être trois… de toute façon elle ne tenait plus les comptes depuis bien longtemps. Une année, 365 jours sont passés dont 364 en Tunisie à travailler son spectacle, à décorer son centre pour personnes âgées, deux villas dans la banlieue de Tunis, un salon de thé à « ennaser » et un petit studio pour jeune couple artistes peintres. 364 jours où elle n’avait cessé de penser à « Lui ».
Il était dans son esprit et elle faisait tout en parallèle : elle travaillait, dansait, souriait, pleurait, écrivait, lisait le journal…se couchait, se levait le matin, en pensant à lui…et elle embrassait son petit ami en pensant à lui.
Au bout de son 364ème jour, elle se tenait devant le desk d’enregistrement. Elle regardait son passeport. »
Elle relut cette dernière frase de son bouquin inachevé…Ce gentil petit bouquin qu’elle avait commencé à écrire il y a un peu plus d’un an déjà. Oui, peut être qu’il était un peu inspiré de sa personne comme le lui avait souvent dit ses amis…En même temps il y avait beaucoup d’imagination la dedans…C’est qu’elle avait essayé de s’inspirer de quelques faits pour pouvoir imaginer une suite bien échafaudée…Elle a donné la liberté à ses trois personnages de faire de leurs vie ce qu’ils voulaient- enfin ce qu’elle voulait- et les voilà aujourd’hui tous les trois ailleurs qu’en Tunisie…chacun mène un train de vie différent sans nouvelles de l’autres…trois personnages éparpillés. Elle pensait à comment allait-elle les réunir à nouveau, ou plutôt comment en réunir au moins deux « pour le troisième on verra ! »
Sur le panneau d’affichage on annonçait un retard du vol 722 à destination de Paris…retard encore indéterminé… « Bordel de M####, qu’est ce que je vais pouvoir bien faire moi pendant ce temps…et en plus je suis en manque d’inspiration, comme toujours d’ailleurs. Je devrais peut être abandonner cette idée, écrire ce n’est pas pour moi…je suis incapable de donner suite à l’histoire d’une pauvre conne amoureuse d’un autre con –qui a d’ailleurs disparu de sa vie parce qu’il avait peur (peur de quoi, on se demande…’fin JE me demande puisque je suis censée être l’écrivain) – je suis incapable d’imaginer ce qu’elle va faire en France et encore moins d’imaginer que fait son premier amour ( encore plus con que le deuxième) à l’instant même où elle est dans cette aéroport… A croire que la vie de cette petite malheureuse est la mienne !! Moi qui n’arrive toujours pas à comprendre de quoi mon pseudo mec a peur, ni que fait mon ex à Paris…je ne tarderai peut être pas à le savoir puisque je vais le rejoindre…avec le bol que j’ai, je le verrai surement dans le premier bar où je me serais arrêté pour boire un café…C’est que finalement on se ressemble vraiment moi et cette « Elle »…non, mais c’est vrai que sur le plan personnalité et tout on se ressemble…c’est normal, c’est mon premier bouquin, il me fallait une source d’inspiration…mais là…je me rends compte que ce que j’ai écris sur sa vie en imaginant des événements et des tournures nouvelles, je l’ai vécu en quelques sorte avec un petit décalage…je ne sais pas…peut être que le fait que je me retrouve là dans cet aéroport aujourd’hui n’est pas un hasard…oh mais …oui…M####, M####, M####, c’est la dernière chose que j’ai écrite sur « Elle »…elle est à l’aéroport…JE suis à l’aéroport !! » Elle relut encore une fois le bouquin, tout ce qui s’est passé pour son héroïne était pratiquement identique à ce qui lui était arrivé ces derniers mois…Pendant tout ce temps, elle avait oublié ce qu’elle a écrit… Maintenant, elle ne savait plus quoi faire. Et si chaque mot qu’elle écrivait, elle le vivait ?…Et si elle était entrain d’écrire le livre de sa vie avant de la vivre ? Tout bouillonnait dans sa tête, mais une seule envie la rongeait…le voir encore une fois, qu’il vienne lui dire « je t’aime », qu’il la prenne dans ses bras et qu’il parte avec elle à Paris… Sur le panneau d’affichage, on annonçait l’embarquement et l’hôtesse pria les voyageurs de venir se présenter…
Elle ouvrit vite son laptop et tapa d’une main tremblante : « Dans la salle d’embarquement, « Elle » n’avait pas remarqué que « Lui » était assis juste à deux sièges du sien. Quand elle se leva, leurs regards se croisèrent et sans qu’aucun mot ne fut prononcé, il vint vers elle, la prit dans ses bras et chuchota à son oreille : je te croyais déjà partie, je suis venu pour te rejoindre…Je t’aime » Elle ferma son laptop, se leva, regarda à droite et à gauche, il n’était pas là…elle aurait au moins essayé…elle pensa : « De toute façon, ce n’est pas son style de chuchoter : je te croyais déjà partie, je suis venu pour te rejoindre… »

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