lundi 15 décembre 2008

Elle rêveuse...


Il la regardait dormir près de lui dans la voiture. Il adorait cette route car elle lui donnait envie de voyager avec elle. Rien que quelques instants, au milieu des fleurs et de la verdure, un fond de musique et des petits gémissements qu’elle poussait en se tournant vers la fenêtre. Il serait incapable de dire à quoi il pensait tout au long du voyage. Il était simplement bien, il décrirait ça comme un moment de plaisir bête. Et peut être que c’était réellement un plaisir bête. En tout cas, beaucoup de gens passaient à côté.
Dans cette maison, il avait beaucoup de souvenirs. Plusieurs femmes avec qui il était, étaient venues l’accompagner pour une journée ou un séjour. Pendant la saison d’hiver, on sentait le parfum de femme dans cette résidence d’été. Un parfum qui différait d’une conquête à une autre. Il s’aurait pourtant cru habitué à ce genre de journée, il sentit la différence ce jour là. Depuis la route…depuis qu’elle commença à chantonner en italien. Depuis qu’elle s’appliqua à lui expliquer des paroles qu’elle avait du mal à traduire. Il sentit qu’elle n’était pas les autres filles, que la maison sentirait différemment cette fois ci et que le parfum résisterait au défilement des saisons.
Loin des regards, dans un quartier peu fréquenté en ce mois de décembre et sur la terrasse d’une jolie demeure, ils partagèrent quelques heures de complicité et de désir mutuel. Il avait pensé à lui offrir ce joli déjeuner, une petite table pour deux, du poisson, une salade de légumes grillés, du thé aux pignons et un petit narguilé emprunté au café du coin. Il avait mis la musique, Hadi Jouini, comme il savait qu’elle apprécierait.
Elle se laissa aller à des confidences. Elle lui parla de son enfance, de certaines de ses blessures qui avaient du mal à cicatriser. Elle lui décrivit ce qu’elle était, comment elle voyait la vie. Elle raconta ses moments de faiblesse et les incertitudes qui la gagnaient souvent.
-Je sens que je suis quelqu’un de différent des autres…je le sais aussi. Je ressens certaines choses plus que les autres…J’ai des flux d’idées, je remarque, je crée dans ma petite bulle, je perçois certaines notes qui vibrent et flottent dans l’air comme des électrons libres. Parfois je me sens comme un ion spectateur…Pourquoi je me laisse aller ? J’attends toujours que quelque chose vienne à moi, que ça m’arrive…et pourtant j’ai tant à donner, à prouver. J’ai confiance en ça, pourquoi alors je reste coincée dans cette petite bulle.
-Probablement parce que tu as peur d’être jugée, ou plutôt mal jugée, que tu ne vas pas au bout de tes envies par peur de ne pas réussir ou de décevoir ton entourage. Ce qu’il faut retenir c’est qu’on ne pourra jamais satisfaire tout le monde. Et du moment que tu t’es engagée dans une voie, essaye d’aller au bout, quitte à passer pour une marginale. Tu peux être excessive dans ta danse par exemple et donner de ton profond. Il y aura toujours ceux qui trouveront ça moche, parce que c’est de l’art ce que tu fais et que c’est subjectif et sujet à polémiques. Alors donne de ton être et montre ce que tu es, ces choses que tu dis pouvoir créer.
Elle le regarda quelques secondes en silence. Elle prit son air sérieux, en fronçant les sourcils, puis un air de désarmée qu’elle transforma rapidement en happy face avec un sourire au coin des lèvres et murmura : « oui, tu as peut être raison ! »
-Mais évidemment que j’ai raison…J’ai toujours raison. Lui répondit-il souriant.
Pendant plus de deux heures, ils avaient partagé ce petit espace. Il la regarda dans les yeux. Il avait fortement envie de l’embrasser, de la serrer dans ses bras et de lui dire que même s’il partait elle serait à jamais gravé dans son cœur. Il avait tout simplement envie de goûter à ses lèvres et d’y déposer l’arôme des siennes pour qu’elle ne l’oublie pas

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