Je me souviens encore d’elle. Je l’ai en tête et en chaire, je l’ai en images, floue, claire, obscure, rayonnante.... je l’ai toujours en musique, douce et traversante, comme elle m’avait traversé pendant un an, comme elle est entrée dans ma vie un jour de pluie et de tempête intense. J’ignore encore aujourd’hui, si c’est le destin qui a provoqué notre rencontre ou si c’est elle. Elle est tellement douée parfois à faire des miracles que je lui accorderais bien celui là. Je n’ai jamais été attiré par les femmes de ce genre. Vous savez, je suis plutôt du style à apprécier les beautés à la fois simples et criantes…les femmes sexy qui s’habillent et bougent afin de mettre leurs atouts féminins en valeur. Les femmes que vous invitez à sortir pour rendre jaloux les autres hommes. Sexy, elle l’était mais différemment des autres, à sa manière, à sa façon. Sa féminité, elle la dévoilait par son regard, par sa voix douce et sensuelle à la fois, par sa façon de n’être ni femme ni enfant, d’être les deux à la fois et parfois même homme au besoin. Elle était belle, mais je ne saurais décrire cette beauté. Je vous induirai en erreur si je vous disais qu’elle avait une belle âme, vous croirez qu’elle n’est pas jolie. C’est tout juste le contraire… Elle était d’une beauté incroyable. Mais son esprit et son âme dégageaient quelque chose d’ensorcelant…une présence, un aura, de ceux qui vous transportent loin au premier regard. Et c’est ce qui était arrivé la première fois que je l’ai vu entrer dans mon bureau. Elle était mouillée par la pluie. Elle prit la peine de s’excuser pour son état, puis se posa directement sur la chaise et me lança : « Je suis vraiment pressée, parce que je dois aller chercher une amie à l’aéroport dans vingt minutes et je dois impérativement commencer des changements dans une ancienne maison pour ma sœur sinon elle me tue. »
Elle sortit de son gros sac des photos, du papier, des crayons et se mit à faire de petits dessins. Je la regardai faire quelques minutes, et finis par lui dire : « Voici mon numéro de mobile, allez chercher votre amie et dès que vous aurez du temps libre en fin de journée ou même en début de soirée, je serai disponible pour voir avec vous votre projet. »
Elle était contente. Elle souriait…Ce magnifique sourire qui n’avait plus quitté ma mémoire depuis.
J’ai pris le temps de la connaître, mais c’est surtout elle qui a pris le temps de me faire connaître à moi-même. Elle venait souvent me voir en fin de journée, fermait les portes et mettait de la musique à fond sur mon pc et m’invitait à danser. ’Ca aide à apprivoiser les lieux du travail et à avoir un autre regard sur l’espace qui nous conditionne à toutes ces tâches’
Ce fut la première chose que j’appris avec elle et le déclenchement de tant d’autres.
Assis sur mes genoux je lui avais dit un jour que quelque chose brûlait en moi, aujourd’hui cette brûlure me fait mal, au point ou elle finira par me tuer, avant d’avoir tué cette envie de la rendre heureuse. Je vivais pour ça...Comment a elle réussi à chambouler autant ma vie ?
Dans ma vie, je suis quelqu’un d’assez organisé et carré, pas très original certes, mais je ne suis pas rabat joie, j’aime faire la fête aussi. Au fait, je suis même quelqu’un qui sort beaucoup, qui a beaucoup d’amis. La fête, je l’ai redécouverte grâce à elle. Et surtout la fête à deux… mais ce que j’adorais en elle, c’était cette façon qu’elle avait de rendre ma vie semblable à celle d’un personnage d’un film…un Mickey Rourke dans 9 semaines et demi, mais je n’étais pas aussi pervers que lui, je ne poussais jamais le jeu bien loin. Elle, elle adorait le faire par contre. Je me souviens encore de ce fameux ‘Take off your dress…yes, yes, yes…’ un soir de clair de lune, dans mon balcon, la musique à fond, les voisins partis en vacances et ce corps déchainé qui se trémoussait dans la pénombre. Elle me rendait fou par son corps, et aucun homme qui aurait vu ce que j’ai vu n’oserait dire le contraire. Je me retiendrais de crier : ‘u gave me reaon to live, u gave me reason to live…’ si elle était encore là.
Elle adorait créer le moment comme elle le disait. De n’importe quelle heure de la journée et aussi banale soit elle, elle en faisait de la magie. De l’attente pour payer une facture, elle pouvait en faire un jeu. Du diner à deux, elle créait l’interaction. De la corvée d’un invité lourd, elle en jouait le diner de cons. Du shopping que je déteste tant, elle en sortait un nouveau jeu de fantasmes à réaliser. Ma tête ne cesse de passer et repasser en boucle le film de ses hanches bougeant sur la piste à grande vitesse…’elle mettait le feu’ là où elle passait, ou plutôt là ou elle dansait. Et j’aimais l’accompagner les samedis soir dans les clubs. Elle m’a entrainé dans ce monde que j’appréhendais, celui de la danse et de la musique…Toute la musique. L’art dans toute sa splendeur, des concertos de piano à quatre mains, du classique, de la bossa nova, du reg atone, du Jazz classique, du blues, de l’opéra…le tour du monde en musique. Et aujourd’hui, je pense à elle presque à chaque titre que je mets dans ma voiture en allant au travail le matin. Tous mes CD lui sont dédiés, toute la musique que j’aime (non elle ne vient pas du blues… elle vient d’elle). Je pense encore à elle, quand je me lève tôt, à 5h du matin pour accompagner un ami à l’aéroport…Je mets Dutronc en me délectant du croissant pur beurre de la pâtisserie parisienne. Je pense encore à elle quand j’ai un coup de cœur pour la libertad de pep’s et n’ai qu’une seule envie, c’est de lui dire : ‘écoute, je suis sure que tu vas adorer’…
Ces matins là, sa voix résonnait dans ma tête, et à coup de lettres maladroites je noyais mon chagrin en osant espérer qu’un jour elle les lirait tous, comme ça en vrac, par dizaines, par milliers et qu’elle se laisserait balancer dans mes bras, se prendrait à mon cou comme elle le faisait autrefois.
« Ce matin, le son de ta voix résonnait dans ma tête, tu parlais de tes rêves et de tes désires;
Moi à tes cotés; j'avais la tête ailleurs; je pensais à beaucoup de choses à la fois; appartement, boulot, famille, argent, amour ...Toi tu étais à moi; tu étais acquise.
Un coup de frein était en vain pour échapper à cet accident, mes soucis m'ont aveuglé, je n'ai pas eu le temps de réaliser l'importance du bonheur dans lequel tu me noyais.
Sur un lit blanc qui sentait l'alcool, j'ai ouvert les yeux et toi seule me manquait. C’est seulement à ce moment là que j'ai réalisé, que pendant un an, j'ai eu peur de ne pas savoir t'entrainer au bout de tes rêves et de tes délires, peur de ne pas pouvoir les réaliser pour toi, peur de ne pas être à la hauteur, peur de ne pas être finalement l'homme que tu attendais. Cette peur plurielle m'a accablé et m'a poussé à réagir comme je l'ai fais, tu disais par lâcheté, je dirais par amour ...
J'ai renoncé, et si tu savais comme je m'en veux... »
Des dizaines de lettres, je vous dis…tous dans un tiroir, sur du papier volant et parfois bien fichés et archivés dans mon nouveau blackberry. Le jeu en valait-il la chandelle ?